◊ Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui encore, très nombreux sont ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ. C’est pourquoi la mission ad gentes demeure une grande urgence, à laquelle tous les membres de l’Église sont appelés à participer, parce que l’Église est, de par sa nature même, missionnaire : l’Église est née « en sortie ». La Journée missionnaire mondiale est un moment privilégié durant lequel les fidèles des différents continents s’engagent par la prière et par des gestes concrets de solidarité à soutenir les jeunes Églises des territoires de mission. Il s’agit d’une célébration de grâce et de joie. De grâce, parce que le Saint Esprit, envoyé par le Père, offre sagesse et force à ceux qui sont dociles à son action. De joie, parce que Jésus Christ, le Fils du Père, envoyé pour évangéliser le monde, soutient et accompagne notre œuvre missionnaire. C’est justement sur la joie de Jésus et des disciples missionnaires que je voudrais offrir une icône biblique, que nous trouvons dans l’Évangile de Luc (cf. 10, 21-23).
1. L’Évangéliste raconte que le Seigneur envoya les soixante-douze disciples deux par deux, dans les villes et les villages pour annoncer que le Royaume de Dieu s’était fait proche et pour préparer les personnes à la rencontre avec Jésus. Après avoir accompli cette mission d’annonce, les disciples revinrent pleins de joie : la joie est un thème dominant de cette première et inoubliable expérience missionnaire. Le Divin Maître leur dit : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. A cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : “Je te bénis, Père” (…) Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : “Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !” » (Lc 10,20-21.23).
Ce sont les trois scènes présentées par Luc. D’abord, Jésus parla aux disciples, puis il s’adressa au Père avant de recommencer à parler avec eux. Jésus voulut faire participer les disciples à sa joie, qui était différente et supérieure à celle dont ils avaient fait l’expérience.
2. Les disciples étaient pleins de joie, enthousiastes du pouvoir de libérer les personnes des démons. Toutefois, Jésus les avertit de ne pas se réjouir tant pour le pouvoir reçu que pour l’amour reçu : « parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux » (Lc 10, 20). En effet, l’expérience de l’amour de Dieu leur a été donnée ainsi que la possibilité de le partager. Et cette expérience des disciples est un motif de gratitude joyeuse pour le cœur de Jésus. Luc a saisi cette jubilation dans une perspective de communion trinitaire : « Jésus tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint », s’adressant au Père et lui rendant gloire. Ce moment de joie intime jaillit de l’amour profond de Jésus en tant que Fils envers Son Père, Seigneur du ciel et de la terre qui a caché ces choses aux sages et aux intelligents mais qui les a révélées aux tout-petits (cf. Lc 10, 21). Dieu a caché et révélé et, dans cette prière de louange, ressort surtout le fait de révéler. Qu’est-ce que Dieu a révélé et caché ? Les mystères de son Royaume, l’affirmation de la seigneurie divine en Jésus et la victoire sur Satan.
Dieu a caché tout cela à ceux qui sont trop pleins d’eux-mêmes et prétendent déjà tout savoir. Ils sont comme aveuglés par leur présomption et ne laissent pas de place à Dieu. Il est facile de penser à certains contemporains de Jésus qu’il a avertis à plusieurs reprises mais il s’agit d’un danger qui existe toujours et qui nous concerne nous aussi. En revanche, les “petits” sont les humbles, les simples, les pauvres, les marginalisés, ceux qui sont sans voix, fatigués et opprimés, que Jésus a déclarés “bienheureux”. Il est facile de penser à Marie, à Joseph, aux pêcheurs de Galilée et aux disciples appelés le long du chemin, au cours de sa prédication.
3. « Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (Lc 10, 21). L’expression de Jésus doit être comprise en référence à son exultation intérieure, où le bon plaisir indique un plan salvifique et bienveillant de la part du Père envers les hommes. Dans le contexte de cette bonté divine, Jésus a exulté parce que le Père a décidé d’aimer les hommes avec le même amour qu’Il a pour le Fils. En outre, Luc nous renvoie à l’exultation similaire de Marie : « mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 47). Il s’agit de la Bonne Nouvelle qui conduit au salut. Marie, en portant en son sein Jésus, l’Évangélisateur par excellence, rencontra Elisabeth et exulta de joie dans l’Esprit Saint, en chantant le Magnificat. Jésus, en voyant la réussite de la mission de ses disciples et, ensuite, leur joie, exulta dans l’Esprit Saint et s’adressa à son Père en priant. Dans les deux cas, il s’agit d’une joie pour le salut en acte, parce que l’amour avec lequel le Père aime le Fils arrive jusqu’à nous et, par l’action de l’Esprit Saint, nous enveloppe, nous fait entrer dans la vie trinitaire.
Le Père est la source de la joie. Le Fils en est la manifestation et l’Esprit Saint l’animateur. Immédiatement après avoir loué le Père, comme le dit l’Évangéliste Matthieu, Jésus nous invite : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger » (11, 28-30). « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n.1).
De cette rencontre avec Jésus, la Vierge Marie a eu une expérience toute particulière et elle est devenue « causa nostrae laetitiae ». Les disciples par contre ont reçu l’appel à demeurer avec Jésus et à être envoyés par lui pour évangéliser (cf. Mc 3, 14) et ils sont ainsi comblés de joie. Pourquoi n’entrons-nous pas nous aussi dans ce fleuve de joie ?
4. « Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 2). C’est pourquoi l’humanité a un grand besoin de puiser au salut apporté par le Christ. Les disciples sont ceux qui se laissent saisir toujours plus par l’amour de Jésus et marquer au feu de la passion pour le Royaume de Dieu, afin d’être porteurs de la joie de l’Évangile. Tous les disciples du Seigneur sont appelés à alimenter la joie de l’Évangélisation. Les Évêques, en tant que premiers responsables de l’annonce, ont le devoir de favoriser l’unité de l’Église locale dans l’engagement missionnaire, en tenant compte du fait que la joie de communiquer Jésus Christ s’exprime autant dans la préoccupation de l’annoncer dans les lieux les plus lointains que dans une constante sortie en direction des périphéries de leur propre territoire, où se trouve le plus grand nombre de personnes pauvres dans l’attente.
Dans de nombreuses régions, les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée commencent à manquer. Souvent, cela est dû à l’absence d’une ferveur apostolique contagieuse au sein des communautés, absence qui les rend pauvres en enthousiasme et fait qu’elles ne sont pas attirantes. La joie de l’Évangile provient de la rencontre avec le Christ et du partage avec les pauvres. J’encourage donc les communautés paroissiales, les associations et les groupes à vivre une vie fraternelle intense, fondée sur l’amour de Jésus et attentive aux besoins des plus défavorisés. Là où il y a la joie, la ferveur, le désir de porter le Christ aux autres, jaillissent d’authentiques vocations. Parmi celles-ci, les vocations laïques à la mission ne doivent pas être oubliées. Désormais, la conscience de l’identité et de la mission des fidèles laïcs dans l’Eglise s’est accrue, tout comme la conscience qu’ils sont appelés à jouer un rôle toujours plus important dans la diffusion de l’Évangile. C’est pourquoi il est important qu’ils soient formés de manière adéquate, en vue d’une action apostolique efficace.
5. « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7). La Journée missionnaire mondiale est également un moment pour raviver le désir et le devoir moral de participer joyeusement à la mission ad gentes. La contribution économique personnelle est le signe d’une oblation de soi-même, d’abord au Seigneur puis à nos frères, afin que l’offrande matérielle devienne un instrument d’évangélisation d’une humanité qui se construit sur l’amour.
Chers frères et sœurs, en cette Journée missionnaire mondiale, ma pensée se tourne vers toutes les Églises locales. Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation ! Je vous invite à vous immerger dans la joie de l’Évangile et à alimenter un amour capable d’illuminer votre vocation et votre mission. Je vous exhorte à faire mémoire, comme dans un pèlerinage intérieur, du « premier amour » avec lequel le Seigneur Jésus Christ a réchauffé le cœur de chacun, non pas pour en concevoir un sentiment de nostalgie mais pour persévérer dans la joie. Le disciple du Seigneur persévère dans la joie lorsqu’il demeure avec lui, lorsqu’il fait sa volonté, lorsqu’il partage la foi, l’espérance et la charité évangélique.
À Marie, modèle d’évangélisation humble et joyeuse, adressons notre prière, afin que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples et qu’elle rende possible la naissance d’un monde nouveau.
Du Vatican, le 8 juin 2014, Solennité de la Pentecôte.
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Dear Brothers and Sisters,
Today vast numbers of people still do not know Jesus Christ. For this reason, the mission ad gentes continues to be most urgent. All the members of the Church are called to participate in this mission, for the Church is missionary by her very nature: she was born “to go forth”. World Mission Day is a privileged moment when the faithful of various continents engage in prayer and concrete gestures of solidarity in support of the young Churches in mission lands. It is a celebration of grace and joy. A celebration of grace, because the Holy Spirit, sent by the Father, offers wisdom and strength to those who are obedient to his action. A celebration of joy, because Jesus Christ, the Father’s Son, sent to evangelize the world, supports and accompanies our missionary efforts. This joy of Jesus and missionary disciples leads me to propose a biblical icon, which we find in the Gospel of Luke (cf. 10:21-23) .
1. The Evangelist tells us that the Lord sent the seventy-two disciples two by two into cities and villages to proclaim that the Kingdom of God was near, and to prepare people to meet Jesus. After carrying out this mission of preaching, the disciples returned full of joy: joy is a dominant theme of this first and unforgettable missionary experience. Yet the divine Master told them: “Do not rejoice because the demons are subject to you; but rejoice because your names are written in heaven. At that very moment Jesus rejoiced in the Holy Spirit and said: ‘I give you praise, Father...’ And, turning to the disciples in private he said, ‘Blessed are the eyes that see what you see’” (Lk 10:20-21, 23).
Luke presents three scenes. Jesus speaks first to his disciples, then to the Father, and then again to the disciples. Jesus wanted to let the disciples share his joy, different and greater than anything they had previously experienced.
2. The disciples were filled with joy, excited about their power to set people free from demons. But Jesus cautioned them to rejoice not so much for the power they had received, but for the love they had received, “because your names are written in heaven” (Lk 10:20). The disciples were given an experience of God’s love, but also the possibility of sharing that love. And this experience is a cause for gratitude and joy in the heart of Jesus. Luke saw this jubilation in a perspective of the trinitarian communion: “Jesus rejoiced in the Holy Spirit”, turning to the Father and praising him. This moment of deep joy springs from Jesus’ immense filial love for his Father, Lord of heaven and earth, who hid these things from the wise and learned, and revealed them to the childlike (cf. Lk 10:21). God has both hidden and revealed, and in this prayer of praise it is his revealing which stands out. What is it that God has revealed and hidden? The mysteries of his Kingdom, the manifestation of divine lordship in Jesus and the victory over Satan.
God has hidden this from those who are all too full of themselves and who claim to know everything already. They are blinded by their presumptuousness and they leave no room for God. One can easily think of some of Jesus’ contemporaries whom he repeatedly admonished, but the danger is one that always exists and concerns us too. The “little ones”, for their part, are the humble, the simple, the poor, the marginalized, those without voice, those weary and burdened, whom Jesus pronounced “blessed”. We readily think of Mary, Joseph, the fishermen of Galilee and the disciples whom Jesus called as he went preaching.
3. “Yes, Father, for such has been your gracious will” (Lk 10:21). These words of Jesus must be understood as referring to his inner exultation. The word “gracious” describes the Father’s saving and benevolent plan for humanity. It was this divine graciousness that made Jesus rejoice, for the Father willed to love people with the same love that he has for his Son. Luke also alludes to the similar exultation of Mary: “My soul proclaims the greatness of the Lord, and my spirit exults in God my Savior” (Lk 1:47). This is the Good News that leads to salvation. Mary, bearing in her womb Jesus, the evangelizer par excellence, met Elizabeth and rejoiced in the Holy Spirit as she sang her Magnificat. Jesus, seeing the success of his disciples’ mission and their resulting joy, rejoiced in the Holy Spirit and addressed his Father in prayer. In both cases, it is joy for the working of salvation, for the love with which the Father loves his Son comes down to us, and through the Holy Spirit fills us and grants us a share in the trinitarian life.
The Father is the source of joy. The Son is its manifestation, and the Holy Spirit its giver. Immediately after praising the Father, so the evangelist Matthew tells us, Jesus says: “Come to me, all you who labour and are burdened, and I will give you rest. Take my yoke upon you and learn from me, for I am meek and humble of heart, and you will find rest for yourselves. For my yoke is easy and my burden light” (Mt 11:28-30). “The joy of the Gospel fills the hearts and lives of all who encounter Jesus. Those who accept his offer of salvation are set free from sin, sorrow, inner emptiness and loneliness. With Christ joy is constantly born anew” (Evangelii Gaudium, 1).
The Virgin Mary had a unique experience of this encounter with Jesus, and thus became “causa nostrae laetitiae”. The disciples, for their part, received the call to follow Jesus and to be sent by him to preach the Gospel (cf. Mk 3:14), and so they were filled with joy. Why shouldn’t we too enter this flood of joy?
4. “The great danger in today’s world, pervaded as it is by consumerism, is the desolation and anguish born of a complacent yet covetous heart, the feverish pursuit of frivolous pleasures, and a blunted conscience” (Evangelii Gaudium, 2). Humanity greatly needs to lay hold of the salvation brought by Christ. His disciples are those who allow themselves to be seized ever more by the love of Jesus and marked by the fire of passion for the Kingdom of God and the proclamation of the joy of the Gospel. All the Lord’s disciples are called to nurture the joy of evangelization. The Bishops, as those primarily responsible for this proclamation, have the task of promoting the unity of the local Church in her missionary commitment. They are called to acknowledge that the joy of communicating Jesus Christ is expressed in a concern to proclaim him in the most distant places, as well as in a constant outreach to the peripheries of their own territory, where great numbers of the poor are waiting for this message.
Many parts of the world are experiencing a dearth of vocations to the priesthood and the consecrated life. Often this is due to the absence of contagious apostolic fervour in communities which lack enthusiasm and thus fail to attract. The joy of the Gospel is born of the encounter with Christ and from sharing with the poor. For this reason I encourage parish communities, associations and groups to live an intense fraternal life, grounded in love for Jesus and concern for the needs of the most disadvantaged. Wherever there is joy, enthusiasm and a desire to bring Christ to others, genuine vocations arise. Among these vocations, we should not overlook lay vocations to mission. There has been a growing awareness of the identity and mission of the lay faithful in the Church, as well as a recognition that they are called to take an increasingly important role in the spread of the Gospel. Consequently they need to be given a suitable training for the sake of an effective apostolic activity.
5. “God loves a cheerful giver” (2 Cor 9:7). World Mission Day is also an occasion to rekindle the desire and the moral obligation to take joyful part in the mission ad gentes. A monetary contribution on the part of individuals is the sign of a self-offering, first to the Lord and then to others; in this way a material offering can become a means for the evangelization of humanity built on love.
Dear brothers and sisters, on this World Mission Day my thoughts turn to all the local Churches. Let us not be robbed of the joy of evangelization! I invite you to immerse yourself in the joy of the Gospel and nurture a love that can light up your vocation and your mission. I urge each of you to recall, as if you were making an interior pilgrimage, that “first love” with which the Lord Jesus Christ warmed your heart, not for the sake of nostalgia but in order to persevere in joy. The Lord’s disciples persevere in joy when they sense his presence, do his will and share with others their faith, hope and evangelical charity.
Let us pray through the intercession of Mary, the model of humble and joyful evangelization, that the Church may become a welcoming home, a mother for all peoples and the source of rebirth for our world.
From the Vatican, 8 June 2014, the Solemnity of Pentecost
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Queridos irmãos e irmãs!
Ainda hoje há tanta gente que não conhece Jesus Cristo. Por isso, continua a revestir-se de grande urgência a missão ad gentes, na qual são chamados a participar todos os membros da Igreja, pois esta é, por sua natureza, missionária: a Igreja nasceu «em saída». O Dia Mundial das Missões é um momento privilegiado para os fiéis dos vários Continentes se empenharem, com a oração e gestos concretos de solidariedade, no apoio às Igrejas jovens dos territórios de missão. Trata-se de uma ocorrência permeada de graça e alegria: de graça, porque o Espírito Santo, enviado pelo Pai, dá sabedoria e fortaleza a quantos são dóceis à sua acção; de alegria, porque Jesus Cristo, Filho do Pai, enviado a evangelizar o mundo, sustenta e acompanha a nossa obra missionária. E, justamente sobre a alegria de Jesus e dos discípulos missionários, quero propor um ícone bíblico que encontramos no Evangelho de Lucas (cf. 10, 21-23).
1. Narra o evangelista que o Senhor enviou, dois a dois, os setenta e dois discípulos a anunciar, nas cidades e aldeias, que o Reino de Deus estava próximo, preparando assim as pessoas para o encontro com Jesus. Cumprida esta missão de anúncio, os discípulos regressaram cheios de alegria: a alegria é um traço dominante desta primeira e inesquecível experiência missionária. O Mestre divino disse-lhes: «Não vos alegreis, porque os espíritos vos obedecem; alegrai-vos, antes, por estarem os vossos nomes escritos no Céu. Nesse mesmo instante, Jesus estremeceu de alegria sob a acção do Espírito Santo e disse: “Bendigo-te, ó Pai (…)”. Voltando-se, depois, para os discípulos, disse-lhes em particular: “Felizes os olhos que vêem o que estais a ver”» (Lc 10, 20-21.23).
As cenas apresentadas por Lucas são três: primeiro, Jesus falou aos discípulos, depois dirigiu-Se ao Pai, para voltar de novo a falar com eles. Jesus quer tornar os discípulos participantes da sua alegria, que era diferente e superior àquela que tinham acabado de experimentar.
2. Os discípulos estavam cheios de alegria, entusiasmados com o poder de libertar as pessoas dos demónios. Jesus, porém, recomendou-lhes que não se alegrassem tanto pelo poder recebido, como sobretudo pelo amor alcançado, ou seja, «por estarem os vossos nomes escritos no Céu» (Lc 10, 20). Com efeito, fora-lhes concedida a experiência do amor de Deus e também a possibilidade de o partilhar. E esta experiência dos discípulos é motivo de jubilosa gratidão para o coração de Jesus. Lucas viu este júbilo numa perspectiva de comunhão trinitária: «Jesus estremeceu de alegria sob a acção do Espírito Santo», dirigindo-Se ao Pai e bendizendo-O. Este momento de íntimo júbilo brota do amor profundo que Jesus sente como Filho por seu Pai, Senhor do Céu e da Terra, que escondeu estas coisas aos sábios e aos inteligentes e as revelou aos pequeninos (cf. Lc 10, 21). Deus escondeu e revelou, mas, nesta oração de louvor, é sobretudo a revelação que se põe em realce. Que foi que Deus revelou e escondeu? Os mistérios do seu Reino, a consolidação da soberania divina de Jesus e a vitória sobre satanás.
Deus escondeu tudo isto àqueles que se sentem demasiado cheios de si e pretendem saber já tudo. De certo modo, estão cegos pela própria presunção e não deixam espaço a Deus. Pode-se facilmente pensar em alguns contemporâneos de Jesus que Ele várias vezes advertiu, mas trata-se de um perigo que perdura sempre e tem a ver connosco também. Ao passo que os «pequeninos» são os humildes, os simples, os pobres, os marginalizados, os que não têm voz, os cansados e oprimidos, que Jesus declarou «felizes». Pode-se facilmente pensar em Maria, em José, nos pescadores da Galileia e nos discípulos chamados ao longo da estrada durante a sua pregação.
3. «Sim, Pai, porque assim foi do teu agrado» (Lc 10, 21). Esta frase de Jesus deve ser entendida como referida à sua exultação interior, querendo «o teu agrado» significar o plano salvífico e benevolente do Pai para com os homens. No contexto desta bondade divina, Jesus exultou, porque o Pai decidiu amar os homens com o mesmo amor que tem pelo Filho. Além disso, Lucas faz-nos pensar numa exultação idêntica: a de Maria. «A minha alma glorifica o Senhor e o meu espírito se alegra em Deus, meu Salvador» (Lc 1, 46-47). Estamos perante a boa Notícia que conduz à salvação. Levando no seu ventre Jesus, o Evangelizador por excelência, Maria encontrou Isabel e exultou de alegria no Espírito Santo, cantando o Magnificat. Jesus, ao ver o bom êxito da missão dos seus discípulos e, consequentemente, a sua alegria, exultou no Espírito Santo e dirigiu-Se a seu Pai em oração. Em ambos os casos, trata-se de uma alegria pela salvação em acto, porque o amor com que o Pai ama o Filho chega até nós e, por obra do Espírito Santo, envolve-nos e faz-nos entrar na vida trinitária.
O Pai é a fonte da alegria. O Filho é a sua manifestação, e o Espírito Santo o animador. Imediatamente depois de ter louvado o Pai – como diz o evangelista Mateus – Jesus convida-nos: «Vinde a Mim, todos os que estais cansados e oprimidos, que Eu hei-de aliviar-vos. Tomai sobre vós o meu jugo e aprendei de Mim, porque sou manso e humilde de coração e encontrareis descanso para o vosso espírito. Pois o meu jugo é suave e o meu fardo é leve» (Mt 11, 28-30). «A alegria do Evangelho enche o coração e a vida inteira daqueles que se encontram com Jesus. Quantos se deixam salvar por Ele são libertados do pecado, da tristeza, do vazio interior, do isolamento. Com Jesus Cristo, renasce sem cessar a alegria» (Exort. ap. Evangelii gaudium, 1).
De tal encontro com Jesus, a Virgem Maria teve uma experiência totalmente singular e tornou-se «causa nostrae laetitiae». Os discípulos, por sua vez, receberam a chamada para estar com Jesus e ser enviados por Ele a evangelizar (cf. Mc 3, 14), e, feito isso, sentem-se repletos de alegria. Porque não entramos também nós nesta torrente de alegria?
4. «O grande risco do mundo actual, com a sua múltipla e avassaladora oferta de consumo, é uma tristeza individualista que brota do coração comodista e mesquinho, da busca desordenada de prazeres superficiais, da consciência isolada» (Exort. ap. Evangelii gaudium, 2). Por isso, a humanidade tem grande necessidade de dessedentar-se na salvação trazida por Cristo. Os discípulos são aqueles que se deixam conquistar mais e mais pelo amor de Jesus e marcar pelo fogo da paixão pelo Reino de Deus, para serem portadores da alegria do Evangelho. Todos os discípulos do Senhor são chamados a alimentar a alegria da evangelização. Os bispos, como primeiros responsáveis do anúncio, têm o dever de incentivar a unidade da Igreja local à volta do compromisso missionário, tendo em conta que a alegria de comunicar Jesus Cristo se exprime tanto na preocupação de O anunciar nos lugares mais remotos como na saída constante para as periferias de seu próprio território, onde há mais gente pobre à espera.
Em muitas regiões, escasseiam as vocações ao sacerdócio e à vida consagrada. Com frequência, isso fica-se a dever à falta de um fervor apostólico contagioso nas comunidades, o que faz com as mesmas sejam pobres de entusiasmo e não suscitem fascínio. A alegria do Evangelho brota do encontro com Cristo e da partilha com os pobres. Por isso, encorajo as comunidades paroquiais, as associações e os grupos a viverem uma intensa vida fraterna, fundada no amor a Jesus e atenta às necessidades dos mais carecidos. Onde há alegria, fervor, ânsia de levar Cristo aos outros, surgem vocações genuínas, nomeadamente as vocações laicais à missão. Na realidade, aumentou a consciência da identidade e missão dos fiéis leigos na Igreja, bem como a noção de que eles são chamados a assumir um papel cada vez mais relevante na difusão do Evangelho. Por isso, é importante uma adequada formação deles, tendo em vista uma acção apostólica eficaz.
5. «Deus ama quem dá com alegria» (2 Cor 9, 7). O Dia Mundial das Missões é também um momento propício para reavivar o desejo e o dever moral de participar jubilosamente na missão ad gentes. A contribuição monetária pessoal é sinal de uma oblação de si mesmo, primeiramente ao Senhor e depois aos irmãos, para que a própria oferta material se torne instrumento de evangelização de uma humanidade edificada no amor.
Queridos irmãos e irmãs, neste Dia Mundial das Missões, dirijo o meu pensamento a todas as Igrejas locais: Não nos deixemos roubar a alegria da evangelização! Convido-vos a mergulhar na alegria do Evangelho e a alimentar um amor capaz de iluminar a vossa vocação e missão. Exorto-vos a recordar, numa espécie de peregrinação interior, aquele «primeiro amor» com que o Senhor Jesus Cristo incendiou o coração de cada um; recordá-lo, não por um sentimento de nostalgia, mas para perseverar na alegria. O discípulo do Senhor persevera na alegria, quando está com Ele, quando faz a sua vontade, quando partilha a fé, a esperança e a caridade evangélica.
A Maria, modelo de uma evangelização humilde e jubilosa, elevemos a nossa oração, para que a Igreja se torne uma casa para muitos, uma mãe para todos os povos e possibilite o nascimento de um mundo novo.
Vaticano, 8 de Junho – Solenidade de Pentecostes – de 2014. [Papa Francesco]