Perplexité du Saint-Siège suite à l'attribution du prix Nobel de médecine
Un prix qui suscite des perplexités morales. Le Nobel de médecine 2010 a été attribué
au père de la fécondation in vitro, le britannique Robert Edwards, plus de 30 ans
après la naissance du premier bébé éprouvette. La réaction de l’Église catholique
ne s’est pas fait attendre. Tout en reconnaissant que la fécondation in vitro constitue
une importante découverte scientifique, le professeur Lucio Colombo, de l’Académie
pontificale pour la Vie, a rappelé qu’elle posait de graves interrogations morales
quant au respect de la vie humaine naissante et de la dignité de la procréation humaine.
Une découverte a beau être remarquable du point de vue scientifique, elle n’est pas
pour autant acceptable du point de vue éthique, familial et social. Cette technique
a permis de faire naître des enfants, mais on oublie que cela a entraîné la suppression
d’un nombre beaucoup plus important d’embryons.
Le président de l'Académie
pontificale pour la vie, qui s'occupe pour le Vatican des questions éthiques et de
défense de la vie, a lui aussi critiqué lundi le choix de Robert Edwards, le “père"
de la fécondation in vitro, pour le Prix Nobel de médecine 2010, avant de revenir
en partie sur ses propos. "Sans Edwards, il n'y aurait pas un marché où sont vendus
des millions d'ovocytes" et "il n'y aurait pas dans le monde un grand nombre de congélateurs
remplis d'embryons", a déclaré à l'agence Ansa Mgr Ignacio Carrasco de Paula.
"Dans
le meilleur des cas, ceux-ci attendent d'être transférés dans des utérus mais plus
probablement ils finiront par être abandonnés ou par mourir", a ajouté Mgr Carrasco
de Paula, en estimant que "c'est un problème dont est responsable le nouveau Prix
Nobel". Le président de l'Académie pontificale a aussi déclaré à l'agence italienne
que "sans Edwards la procréation assistée ne serait pas dans l'état de confusion dans
lequel elle se trouve, avec des situations incompréhensibles d'enfants nés de grand-mères
et de mères porteuses".
Une déclaration écrite plus nuancée de Mgr Carrasco
a ensuite été diffusée dans laquelle il reprend certains passages de ses déclarations
à l'Ansa mais pas tous, en particulier celui où il rend Edwards responsable de la
mort de millions d'embryons. Mgr Carrasco a en outre souligné s'être exprimé à titre
personnel, pas au nom du Vatican, et en réponse aux sollicitations des médias.
Dans
cette déclaration, il juge le choix de Robert Edwards comme Prix Nobel "pas complètement
hors de propos" en reconnaissant qu'il "a inauguré un nouveau chapitre important dans
le domaine de la reproduction humaine dont les meilleurs résultats sont visibles de
tous en commençant par Louise Brown, le premier bébé éprouvette qui est aujourd'hui
maman de manière tout à fait naturelle".
Cependant, pour le président de l'Académie,
"les motifs de perplexité sont nombreux". "Je dirais qu'il a ouvert la mauvaise porte
en misant tout sur la fécondation in vitro consentant implicitement le recours à des
dons et à des achats-ventes qui concernent des êtres humains", a-t-il ajouté. Selon
le prélat, "Edwards n'a pas résolu le problème grave de l'infertilité ni du point
de vue pathologique ni du point de vue épidémiologique". "Il faut attendre que la
recherche aboutisse à une autre solution qui soit en outre moins coûteuse", a-t-il
poursuivi.
L'Académie pontificale pour la vie a notamment pour mission d'étudier
les principaux problèmes biomédicaux et juridiques relatifs à la promotion et à la
défense de la vie. Le Vatican accepte depuis fin 2008 la fécondation assistée, mais
considère comme "moralement illégale" la fécondation in vitro en raison du "sacrifice
d'un nombre très élevé d'embryons".