Dossier : Le président chinois en tournée en Afrique
Après la Russie, le nouveau président chinois Xi Jinping continue sa première tournée
diplomatique en Afrique. La multiplication des investissements chinois sur le continent
est exponentielle, les produits manufacturés de Pékin inondent le marché africain
et les matières premières font le chemin inverse.
La stratégie commerciale
de Pékin se double d’une ambition politique et diplomatique pour mettre en place un
soft power à coups d’investissements dans la coopération pour le développement.
De nombreuses constructions publiques en Afrique (routes, adduction d’eau, infrastructures)
sont livrées clés en main par les Chinois.
L’analyse d’Antoine Kernen,
enseignant en science politique à l’université de Lausanne en Suisse. Il est interrogé
par Jean-Baptiste Cocagne
L'Afrique
est « un laboratoire pour un certain nombre de produits chinois. On voit des motos
chinoise en Afrique alors qu’elles peinent à s’introduire en Europe ou aux Etats-Unis.
» La coopération entre la Chine et l’Afrique est « essentiellement centrée sur
le béton ». C’est en construisant des infrastructure que Pékin s’est fait connaître,
mais dans ce secteur, selon Antoine Kernen « les entreprises chinoises sont rarement
en concurrence avec des entreprises africaines ». Elle le sont parfois avec d’autres
entreprises chinoises ou des entreprises internationales.
L'Afrique devient-elle
sino-dépendante ?
« La position de l’Afrique dans le commerce international
ne se transforme pas grâce à la Chine. L’Afrique ne va pas s’industrialiser grâce
à la Chine. La Chine maintient l’Afrique dans sa position d’exportatrice de matière
première et d’importatrice de biens manufacturés.»
Une stratégie chinoise pour
tout le continent ? Pékin a créé une instance pour chapeauter ses relations avec le
continent africain, mais selon Antoine Kernen, on voit là « une juxtaposition de
relations bilatérales », notamment avec les pays plus importants, « l’Afrique du Sud,
le Nigéria ou le Congo ».
Photo: le président chinois Xi Jinping (à
gauche) et le président tanzanian, Jakaya Kikwete à droite pose dimanche 24 mars à
Dar es Salaam en Tanzanie.