Urbi et Orbi : appel du pape François pour la paix dans toutes les zones de conflit
« Oui, le Christ est notre paix et par lui implorons la paix pour le monde entier
! » Tel est l’appel du pape François à l’occasion de son message Urbi et Orbi, dimanche
à midi place Saint-Pierre à Rome, après la messe de Pâques.
Paix notamment
pour le Moyen-Orient. Le pape s’est adressé en particulier aux Israéliens et aux Palestiniens,
« qui travaillent à trouver la route de la concorde, afin qu’ils reprennent avec courage
et disponibilité les négociations pour mettre fin à un conflit qui dure désormais
depuis trop de temps ». Le pape n’a pas oublié la Syrie « bien-aimée » et sa « population
blessée par le conflit ».
Des mots de paix aussi pour l’Afrique : notamment
vers le Mali, mais aussi le Nigéria « où malheureusement ne cessent pas les attentats
qui menacent la vie de tant d’innocents et où de nombreuses personnes, même des enfants,
sont retenues en otage par des groupes terroristes ».
Enfin, une pensée particulière
pour la Péninsule coréenne, « pour que soient surmontées les divergences et que murisse
un esprit renouvelé de réconciliation.
« Que signifie que Jésus est ressuscité
? »
C’est la question du pape François, dimanche à midi place Saint-Pierre
Rome, lors de son message Urbi et Orbi. « Cela signifie que l’amour de Dieu est plus
fort que le mal et que la mort elle-même ; cela signifie que l’amour de Dieu peut
transformer notre vie, faire fleurir ces zones de désert qui sont dans notre cœur
».
Mais le pape François a bien sûr commencer par l’annonce, qui est pour lui
une « grande joie » : « le Christ est ressuscité ! » Cette joie, « je voudrais qu’elle
arrive dans chaque maison, dans chaque famille, spécialement là où il y a plus de
souffrance, dans les hôpitaux, dans les prisons… »
L'intégralité du message
Urbi et Orbi :
Chers frères et sœurs de Rome et du monde entier, bonne
fête de Pâques !
C’est une grande joie pour moi de pouvoir vous faire cette
annonce : le Christ est ressuscité ! Je voudrais qu’elle arrive dans chaque maison,
dans chaque famille, spécialement là où il y a plus de souffrance, dans les hôpitaux,
dans les prisons…
Surtout je voudrais qu’elle atteigne tous les cœurs, parce
que c’est là que Dieu veut semer cette Bonne Nouvelle : Jésus est ressuscité, c‘est
une espérance pour toi, tu n’es plus sous la domination du péché, du mal ! L’amour
a vaincu, la miséricorde a vaincu !
Nous aussi, comme les femmes disciples
de Jésus, qui allèrent au tombeau et le trouvèrent vide, nous pouvons nous demander
quel sens a cet événement (cf. Lc 24, 4). Que signifie que Jésus est ressuscité ?
Cela signifie que l’amour de Dieu est plus fort que le mal et que la mort elle-même
; cela signifie que l’amour de Dieu peut transformer notre vie, faire fleurir ces
zones de désert qui sont dans notre cœur.
Cet amour même pour lequel le Fils
de Dieu s’est fait homme et est allé jusqu’au bout du chemin de l’humilité et du don
de soi, jusqu’aux enfers, jusqu’à l’abîme de la séparation de Dieu, cet amour miséricordieux
lui-même a inondé de lumière le corps mort de Jésus et l’a transfiguré, il l’a fait
passer dans la vie éternelle. Jésus n’est pas retourné à la vie d’avant, à la vie
terrestre, mais il est entré dans la vie glorieuse de Dieu et il y est entré avec
notre humanité, il nous a ouvert à un avenir d’espérance.
Voilà ce qu’est Pâques
: c’est l’exode, le passage de l’homme de l’esclavage du péché, du mal à la liberté
de l’amour, du bien. Parce que Dieu est vie, seulement vie, et sa gloire est l’homme
vivant (cf. Irénée, Adversus haereses, 4, 20, 5-7).
Chers frères et sœurs,
le Christ est mort et ressuscité une fois pour toujours et pour tous, mais la force
de la Résurrection, ce passage de l’esclavage du mal à la liberté du bien, doit se
réaliser en tout temps, dans les espaces concrets de notre existence, dans notre vie
de chaque jour. Que de déserts, aujourd’hui encore, l’être humain doit traverser !
Surtout le désert qui est à l’intérieur de lui, quand manque l’amour pour Dieu et
pour le prochain, quand manque la conscience d’être gardien de tout ce que le Créateur
nous a donné et nous donne. Mais la miséricorde de Dieu peut faire fleurir aussi la
terre la plus aride, peut redonner vie aux ossements desséchés (cf. Ez 37, 1-14).
Alors,
voici l’invitation que j’adresse à tous : accueillons la grâce de la Résurrection
du Christ ! Laissons-nous renouveler par la miséricorde de Dieu, laissons-nous aimer
par Jésus, laissons la puissance de son amour transformer aussi notre vie ; et devenons
des instruments de cette miséricorde, des canaux à travers lesquels Dieu puisse irriguer
la terre, garder toute la création et faire fleurir la justice et la paix.
Et
ainsi demandons à Jésus ressuscité, qui transforme la mort en vie, de changer la haine
en amour, la vengeance en pardon, la guerre en paix. Oui, le Christ est notre paix
et par lui implorons la paix pour le monde entier !
Paix pour le Moyen-Orient,
en particulier entre Israéliens et Palestiniens, qui travaillent à trouver la route
de la concorde, afin qu’ils reprennent avec courage et disponibilité les négociations
pour mettre fin à un conflit qui dure désormais depuis trop de temps. Paix en Irak,
pour que cesse définitivement toute violence, et, surtout, pour la Syrie bien-aimée,
pour sa population blessée par le conflit et pour les nombreux réfugiés qui attendent
aide et consolation. Que de sang a été versé ! Et que de souffrances devront encore
être infligées avant qu’on réussisse à trouver une solution politique à la crise ?
Paix
pour l’Afrique, encore théatre de conflits sanglants. Au Mali, afin qu’il retrouve
unité et stabilité ; et au Nigéria, où malheureusement ne cessent pas les attentats
qui menacent la vie de tant d’innocents et où de nombreuses personnes, même des enfants,
sont retenues en otage par des groupes terroristes. Paix dans l’est de la République
Démocratique du Congo et en République Centrafricaine, où nombreux sont ceux qui sont
contraints à laisser leurs maisons et vivent encore dans la peur.
Paix en Asie,
surtout dans la Péninsule coréenne, pour que soient surmontées les divergences et
que murisse un esprit renouvelé de réconciliation.
Paix au monde entier, encore
si divisé par l’avidité de ceux qui cherchent des gains faciles, blessé par l’égoïsme
qui menace la vie humaine et la famille, égoïsme qui continue la traite de personnes,
l’esclavage le plus répandu en ce vingt-et-unième siècle. Paix au monde entier, déchiré
par la violence liée au trafic de drogue et par l’exploitation inéquitable des ressources
naturelles ! Paix à notre Terre ! Que Jésus ressuscité apporte réconfort aux victimes
des calamités naturelles et fasse de nous des gardiens responsables de la création
!
Chers frères et sœurs, à vous tous qui m’écoutez de Rome et de toutes les
parties du monde, j’adresse l’invitation du Psaume : « Rendez grâce au Seigneur :
Il est bon ! Éternel est son amour ! Oui, que le dise Israël : ‘ Éternel est son amour
!’ » (Ps 117, 1-2).
(Photo : le pape François, à la loggia de la basilique
Saint-Pierre, lors de la bénédiction Urbi et Orbi, dimanche pour la messe de Pâques)