2013-08-29 18:59:29

Le gouvernement colombien prépare l’intégration politique des FARC


Entretien - En Colombie, la Cour constitutionnelle du pays a approuvé mercredi le Cadre juridique pour la paix voté par le Congrès en 2012. Cette loi permet de fixer le sort des guérilleros des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). La plupart de ces combattants ne seraient pas poursuivis par la justice. Cette décision de la cour suprême du pays intervient alors que les négociateurs du gouvernement et des FARC poursuivent leurs discussions à La Havane dans la plus grande discrétion. Joint par Xavier Sartre, Daniel Pécaut, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes, revient sur ce texte de loi RealAudioMP3


« Il s’agit d’un cadre juridique permettant de fixer le sort des guérilleros qui seraient démobilisés », sur le modèle de ce qui avait été voté en 2006 pour les paramilitaires, explique le spécialiste de la Colombie. Ce texte permettra de déroger à la justice ordinaire « de manière à ce que les responsables des plus grands crimes, comme des crimes contre l’humanité, soient punis ». Cette loi prépare donc la démobilisation des combattants des FARC et leur participation à la vie politique en cas d’accord politique entre le gouvernement et la guérilla. Malgré un texte qui leur est apparemment favorable, les FARC l’ont rejeté, arguant qu’elles n’avaient pas été consultées.

Avec cette loi, le président Santos montre bien son intention d’aller de l’avant et de poursuivre coûte que coûte les négociations à La Havane. Il doit faire face cependant à une forte opposition, les FARC ne comptant que très peu de soutien au sein de la population colombienne. Il doit composer également avec l’opposition de son prédécesseur, Alvaro Uribe, partisan de la fermeté pendant ses deux mandats à la tête du pays. « Une grande partie de l’opinion voit d’un mauvais œil le fait que les FARC puissent arriver à un accord sans recevoir les peines qui devraient théoriquement être fixées » précise Daniel Pécaut.


Le gouvernement prêt à négocier avec l'ELN


Mais Juan Manuel Santos « joue son va-tout, car, au cas où un accord serait signé, il est probable que l’opinion se modifierait quelque peu et qu’il y aurait une majorité pour approuver les accords. » D’autre part, « le gouvernement a annoncé qu’il soumettrait à une consultation populaire dès les prochaines élections, dans le courant de l’année prochaine, les accords qui seraient éventuellement conclus à La Havane. Le président fait pression pour que les FARC concluent le plus rapidement possible un accord. »

Parallèlement à ces négociations avec les FARC, qui demeurent la principale guérilla du pays, le président Santos s’est dit prêt à discuter avec la seconde plus ancienne rébellion, l’ELN (l’armée de libération nationale), d’essence guévariste. Cette annonce est arrivée alors que l’ELN « semble donner enfin des signes de vouloir discuter » avec les autorités. Pour le moment, l’ELN n’a pas donné suite à cette main tendue. Pour le chercheur de l’Ecole des Hautes Etudes, « il faut voir dans quelle mesure elle maintiendra les préalables qu’elle avait opposés jusqu’à maintenant à toute négociation. L’ELN réclamait une vaste consultation de la société civile. Elle demande aussi que le gouvernement agisse de manière souveraine dans le domaine du pétrole et des ressources minières ». Selon le directeur d’études, une négociation sur ce dernier point n’est pas impossible.


Photo : le négociateur pour les FARC Pablo Catatumbo, à la Havane, le 28 août dernier.







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