Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 24
novembre, fête du Christ Roi. Evangile selon Saint Luc, 23, 35-45 : "« Il en a sauvé
d'autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Elu ! » Ecoutez
le commentaire du Père Pascal Montavit
Nous fêtons
aujourd’hui le Christ Roi de l’univers. L’Évangile qui cette année nous permet d’entrer
dans cette célébration est celui de Jésus en Croix. Le Roi de l’univers est crucifié
afin d’offrir le salut à tous les hommes. Ce paradoxe est folie pour les païens et
scandale pour les Juifs (1 Co 1,23). Le Christ nous enseigne donc que sa royauté n’est
pas de ce monde ou plus précisément qu’elle n’est pas selon ce monde. C’est une royauté
d’Amour et de Miséricorde, mais aussi de justice. Voyons comment l’Évangile de ce
jour nous permet de mieux comprendre ce mystère. Alors que Jésus est crucifié,
les chefs des prêtres ricanent en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve
lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu » (Lc 23,35). Cette réaction est celle
de tous ceux qui croient en Dieu mais n’acceptent pas un Dieu qui se livre aux mains
des hommes. Leur Dieu est un Dieu puissant qui extermine les nations impies. C’est
un Dieu transcendant qui a créé les hommes sans vouloir établir une relation avec
eux. Ce Dieu trône et juge. Mais telle n’est pas la Révélation qui nous est faite
en Jésus-Christ. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous (Jn 1,14). Il
s’appelle Emmanuel, c’est à dire « Dieu avec nous » (Mt 1,23). D’autres,
comme les soldats, se moquent de Jésus : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même
! » (Lc 23,37). Ces soldats sont des païens. Ils reprennent les paroles des chefs
des prêtres. Ils représentent ceux qui ne connaissent pas l’unique et vrai Dieu et
sont en attente de la prédication des apôtres. Pierre, lui-même, se rendra chez Corneille,
un centurion romain, pour lui annoncer le Christ Sauveur (Ac 10). Ce mimétisme des
soldats romains nous interpelle, nous chrétiens, dans l’urgence qu’il y a à annoncer
le Christ à temps et à contretemps (2 Tm 4,2). Vient ensuite la Révélation
de l’Amour Miséricordieux du Seigneur. Deux larrons sont condamnés, l’un à droite,
l’autre à gauche de Jésus. Les deux sont coupables et méritent la sentence qui leur
est appliquée. L’un dit : « N’est-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec
! » (Lc 23,39) mais l’autre s’exclame : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu
es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que
nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal
» (Lc 23,40-41). La différence entre les deux larrons est que l’un d’eux se reconnaît
coupable. Voilà le secret de la Miséricorde : prendre conscience, avec la Grâce de
Dieu, que nous avons besoin d’être sauvés. Chaque homme, s’il est honnête avec lui-même,
sait bien qu’habite en lui une tendance au mal et que, parfois, il suit cette tendance.
Lorsque le Seigneur nous donne de reconnaître que nous sommes pécheurs, en même temps,
il nous révèle que nous sommes sauvés. Le Chrétien est un pécheur pardonné. Il n’accuse
pas Dieu du mal qui habite en lui ou même du mal dont il est victime. Il sait que
le Seigneur est innocent, tout comme le bon larron proclame : « Mais lui, il n’a rien
fait de mal ». En ce jour, le bon larron nous est donné comme l’exemple
de celui qui reconnaît sa faute et proclame que Jésus est Roi de l’univers. Jésus
peut alors lui dire : « Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans
le Paradis » (Lc 23,43). Prions nous aussi pour avoir la même foi que ce bon larron
: se savoir un pécheur pardonné à qui le Seigneur promet le paradis.