Les flux migratoires, un dossier prioritaire pour l'ordre de Malte
(RV) Il faut s’y résigner : le flot de réfugiés qui se déversent sur les côtes européennes
ne tarira pas dans de brefs délais : le nouveau Grand Chancelier de l’Ordre de Malte
en est convaincu. Le monde est confronté à une crise humanitaire de grande ampleur,
a-t-il affirmé, il faut être prêt à relever ce défi. Albrecht Boeselager a été élu
le 31 mai dernier, pour un mandat de cinq ans, lors du récent chapitre général, un
moment important pour la vie de l’Ordre. Il a rencontré la presse, mercredi soir à
Rome, dans la superbe Villa Magistrale, siège institutionnel de l’Ordre de Malte,
situé sur la colline de l’Aventin.
Le nouveau Grand Chancelier, dont la charge
s’apparente à celle d’un ministre des Affaires étrangères, a brossé un sombre tableau
de la situation humanitaire mondiale, tandis que le respect des principes humanitaires
décline un peu partout : Libye, Irak, Erythrée, Centrafrique…. des populations qui
n’ont plus rien à perdre abandonnent en masse leurs pays, quitte à affronter des traversées
périlleuses, exténuantes et coûteuses. En Syrie, une civilisation séculaire a été
détruite en l’espace de deux ans. Le conflit a dégénéré et l’Occident apparaît aujourd’hui
totalement impuissant face à une situation de plus en plus complexe. Difficile, par
exemple, d’ouvrir des couloirs humanitaires lorsqu’on n’a plus d’interlocuteurs.
Un
ancrage dans 120 pays
Pendant la première guerre mondiale, dont on commémore
le centenaire, 10% des victimes étaient des civils contre 90% de militaires. Aujourd’hui
le pourcentage s’est inversé. Dans ce contexte troublé, l’Ordre se félicite, au passage,
des bonnes relations de coopération qu’il entretient avec les organisations humanitaires
musulmanes, en Syrie, en Turquie, ou au Liban. Fort de son indépendance, de son impartialité
et de sa foi chrétienne, l’Ordre Souverain poursuit et renforce sa mission dans quelque
120 pays où il côtoie des réalités très distantes des polémiques politiciennes. L’explosion
simultanée de plusieurs conflits exige une réponse rapide, coordonnée, qui tienne
compte des différents contextes religieux et culturels.
Le nouveau gouvernement,
issu du dernier chapitre général, est déterminé à œuvrer auprès de ceux qui souffrent,
des pauvres et des malades. Il s’efforcera de reconnaître les nouvelles urgences et
d’y répondre. Or, les flux migratoires constituent aujourd’hui un dossier prioritaire.
A l’Ordre de Malte, on en est convaincu : l’Union européenne doit prendre ses responsabilités
pour éviter d’autres tragédies en Méditerranée et intégrer les nouveaux venus pour
en faire des membres actifs de nos sociétés. Car le flux ne fera qu’augmenter, et
le défi est d’autant plus grave que le nombre des migrants mineurs a augmenté de 700%.
Enfin, un an après sa visite sur l’île sicilienne de Lampedusa, Albrecht Boeselager
a salué, mercredi soir, l’action du Pape François, qui a, dit-il, une capacité formidable
de se servir des symboles, et dont les gestes ont un impact considérable sur les politiques
comme sur les opinions publiques.
Photo: le Pape recevant les responsables
de l'Ordre de Malte. Albrecht Boeselager est à gauche.